Dans le cadre de la mise œuvre du programme « Sehaty », soutenu par l’ONG Médecins du Monde, avec le soutien financier de l’union européenne, une douzaine de projets associatifs ont vu officiellement le jour cette semaine. Les projets divers et variés ont un objectif commun, celui de solutionner des problématiques liées à la santé. Giuseppe Raffa, coordinateur général de Médecins du monde en Tunisie, accorde à La Presse cet entretien dans lequel il explique le mandat de son organisation et évoque les défis de la santé publique.
Quel est le cœur de métier de Médecins du monde en Tunisie et quelle est précisément votre mission ici en Tunisie ?
La santé avant tout : quelle que soit la situation administrative, sociale ou financière des personnes et quel que soit leur mode de vie, tout ce qui nous importe chez Médecins du monde, c’est leur santé. Nous les accueillons sans conditions et sans jugement.
L’autonomisation des populations: avec nos partenaires locaux, les communautés et leurs représentants, nous agissons afin de leur permettre de devenir de véritables acteurs de leur santé et de faire valoir leurs droits. Nous sommes convaincus que tout changement durable passe par le renforcement du pouvoir d’agir des populations sur leur santé.
Quels sont les principaux enjeux de santé en Tunisie ?
L’accès à un ensemble de soins essentiels de qualité, dans une période de perte de pouvoir d’achat avec une inflation supérieure à 10%.
Vous accompagnez un certain nombre de projets associatifs liés à la santé, croyez-vous en la capacité de ces projets à avoir un réel impact sur la société ?
À mon avis, il n’existe pas d’alternative à l’engagement en première ligne des acteurs de la société civile, avec le soutien des institutions. Les projets que nous menons et accompagnons doivent relever d’importants défis : les organisations qui les portent sont confrontées à des enjeux financiers, administratifs, structurels et contextuels qui peuvent à tout moment limiter leur action.
Mais pour relever ces défis, on peut compter sur les compétences et l’engagement de la société civile, ainsi que sur le soutien des institutions tunisiennes — en particulier le ministère de la Santé —, des bailleurs de fonds comme l’Union européenne et des organisations internationales comme Médecins du monde.
Ces projets ont d’ores et déjà un impact positif dans la société, mais le double défi est qu’ils continuent à avoir cet impact et que celui-ci soit le plus fort et le plus durable possible.
La santé des migrants en situation irrégulière en Tunisie est-elle un vrai problème auquel vous avez des réponses ou une grande inconnue ?
Les personnes en situation de vulnérabilité étrangers et tunisiens et les personnes vulnérables en général en Tunisie sont confrontés à des difficultés d’accès aux services de santé. En collaboration avec les institutions publiques et la société civile tunisienne, nous cherchons à réduire ces disparités. Être migrant en situation irrégulière constitue certainement une condition qui limite grandement l’accès aux soins de santé. Pour cette raison, plusieurs organisations ont commencé à demander une régularisation des personnes en situation de vulnérabilité, ce qui pourrait leur garantir des conditions de vie décentes et réduire les tensions sociales.